Le message du pasteur sur
Romains 8 : 18-23
4e Dimanche après la TRINITE
18 J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. 19 Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. 20 Car la création a été soumise à la vanité -non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise- 21 avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. 22 Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. 23 Et ce n'est pas elle seulement mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps.
Il était temps que la médecine prenne davantage en compte la souffrance des malades et cherche à l'atténuer le plus possible. Dans notre texte, Paul parle de la souffrance. Lui aussi cherche à la traiter, mais sous l'angle de la foi chrétienne et avec l'aide des remèdes de Dieu, remèdes qui se situent à un autre niveau que ceux de la médecine.
L'apôtre nous aide à bien gérer les souffrances du temps présent.
1°) affirmation : La souffrance est peu de chose en regard de notre gloire finale.
2°) affirmation : Ecoutez comment même la création souffrante soupire après notre délivrance finale.
3°) affirmation : Nous aussi, nous sommes poussés à soupirer, parce que nous avons les prémices de l'Esprit.
1
Nous sommes parfaitement sauvés par la foi en Jésus-Christ, mais nous ne sommes pas encore parvenus à la jouissance complète et finale de notre glorification. Cela se fera quand nous serons en la présence éternelle de Dieu dans le paradis. Pour l'instant nous vivons dans un état intermédiaire semblable à celui des fiancés. Ils sont promis l'un à l'autre, mais ils ne vivent pas encore ensemble.
Cet état intermédiaire, nous le vivons dans la persévérance. La persévérance c'est la conviction que, quoi qu'il arrive, Dieu réalisera pleinement notre salut éternel, comme le dit l'apôtre :" la foi est comme une démonstration des choses qu'on ne voit pas".
Mais cette attente est contrariée par la souffrance du temps présent : La souffrance qui nous vient de la chair avec son attirance pour le mal. La souffrance du monde qui veut faire du tort à notre foi. La souffrance du diable qui rôde pour nous piéger. La souffrance du corps avec ses maladies. La souffrance de la mort qui nous suit comme notre ombre.
Tout cela contribue à contrarier notre espérance si bien que les chrétiens se posent parfois des questions sur la valeur de ces souffrances. Pourquoi ce deuil ? Pourquoi cette infirmité ? Pourquoi cette malchance ? Pourquoi cette maladie ? Pourquoi Dieu permet-il ceci ou cela ? Pourquoi permet-il que ses bien-aimés participent encore pour un temps à la souffrance générale qui affecte si lamentablement le monde entier : Hommes, animaux, plantes ?
Dieu seul peut répondre à cette question et sa réponse n'est pas décevante. Il se sert de la souffrance dans un but positif : pour qu'elle contribue à rendre notre attente finale encore plus tenace. Si la souffrance nous était épargnée, personne ne voudrait aller au ciel. Déjà comme cela, les biens de ce monde n'arrêtent pas de nous attacher à cette terre de larmes.
Il y a deux choses qui nous poussent à soupirer : d'abord l'attente d'un monde merveilleux fait de paix et de délices. Ensuite, la souffrance. Elle nous pousse à soupirer vers la délivrance, comme le malade soupire après la guérison. C'est dans ce sens que l'apôtre voudrait que nous exploitions la souffrance du temps présent.
Il est une chose qu'il faut constamment rappeler aux chrétiens : ce monde de souffrance ce n'est pas Dieu qui l'a voulu, c'est Adam, avec sa désobéissance et c'est nous, parce que nous faisons comme lui. Les souffrances qui affectent le monde nous rappellent la corruption générale de l'humanité et la malédiction divine qui pèse sur elle. Donc, les souffrances nous sont nécessairement nuisibles. Il est juste qu'elles nous déçoivent.
Mais Dieu agit avec nous comme un père. Le mal que nous avons mérité, il veut le changer en bien, donc il veut changer la finalité des souffrances. C'est cette vérité qu'expose l'apôtre Paul dans ce merveilleux chapitre 8 de l'épître aux Romains où il parle des souffrances qui touchent les enfants de Dieu.
Si nous voulons vraiment comprendre pourquoi Dieu permet que ses bien-aimés souffrent encore et à quoi leurs souffrances servent vraiment, alors il nous faut écouter avec soin ce que le Saint-Esprit permet à l'apôtre de nous révéler sur ce point très sensible. Pour créer en nous un vrai soupir d'enfant de Dieu Paul va nous contrarier par une affirmation assez paradoxale. Il ose dire : J'estime que les souffrances du temps présent ne font pas le poids en regard de notre gloire à venir.
Personne n'aime souffrir. La souffrance est nuisible. Elle nous fait souvent douter de la bonté de Dieu. Elle nous conduit même à douter de notre état d'enfants de Dieu. Elle nous fait aussi douter qu'il puisse exister un jour un monde sans souffrance.
Justement, par son propos, l'apôtre nous oblige à jeter un autre regard sur nos souffrances. Certes, il ne nie pas le poids de la souffrance, mais il veut nous rappeler qu'elle est courte par rapport à l'éternité bienheureuse.
Pierre nous dit la même chose lorsqu'il nous rappelle que Dieu permet que nous soyons éprouvés pour un peu de temps par diverses épreuves. Qu'est-ce qu'une vie de 70 à 80 ans en regard de l'éternité ? Quand on sait qu'un malheur est de courte durée, on a plus de courage à le supporter.
Voyez comme les gens acceptent des privations et des souffrances pour gagner un peu de bonheur terrestre ! Du reste, nous passons notre vie à souffrir pour les biens de ce monde. Paul veut donc nous aider à avoir sur nos souffrances un autre regard. Déjà dans sa deuxième épître aux Corinthiens (2 Cor. 4:17) il affirmait :"nos légères afflictions du temps présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire".
C'est clair, l'apôtre veut que nous regardions la souffrance dans la perspective de notre gloire finale pour nous aider à la relativiser surtout par rapport à l'enjeu éternel : quelle disproportion écrasante !
Voyez par exemple comment la perspective du bonheur éternel atténue nos souffrances face à un deuil. La souffrance que nous cause le départ d'un être cher est superbement atténuée par la perspective que nous avons de son bonheur éternel dans le royaume de Dieu. Enfin il ne souffre plus ! Enfin il est délivré ! Enfin il connaît un bonheur qui ne finira plus jamais !
Il serait inconcevable, en effet, que nous acceptions la souffrance pour les biens du temps présent, tandis que nous la refuserions pour la gloire éternelle ! Résumons la pensée audacieuse de l'apôtre : Mes frères, fixez les yeux résolument et avec foi sur votre glorification éternelle. Cela vous aidera à supporter vos souffrances présentes avec une persévérance redoublée !
2
Pour nous aider dans cette réflexion, l'apôtre va nous révéler le mystère du comportement de la création qu'il personnifie. Comme nous, elle aussi souffre et attend, car elle veut participer, au premier rang, à notre gloire finale. C'est étonnant ! C'est génial ! C'est un scoop ! Telle est la révélation de ce texte !
Nous savons tous que la création qui nous entoure est un enchantement dans ses moindres détails. Quel génie ! Quel raffinement ! Quelle beauté ! Il n'est pas étonnant qu'on soit naturellement écologiste !
Mais nous constatons que cette merveilleuse création est contrariée dans son enchantement depuis les désordres du péché d'Adam. Quelque chose est cassé. Même l'incroyant perçoit cette fâcheuse contradiction entre le bonheur qu'apporte la nature et ses nuisances malheureuses, comme si elle était détournée de son but final par un mystérieux pouvoir de l'échec.
Comment se peut-il que la nature, au demeurant si belle et si utile, si bien agencée, si étonnante dans son fonctionnement au service de la vie et du bien, soit aussi si nuisible comme si l'auteur de cette création de génie avait raté sa finalité ?
Nous savons que la création devait contribuer, au commencement, au bonheur parfait de la créature. Certes, elle y contribue encore aujourd'hui, mais avec des infirmités, des dysfonctionnements, des inconvénients qui la détournent constamment de son objectif glorieux. Il y a des animaux superbes nuisibles. Il y a la digitale royale terriblement dangereuse. Il y a les cieux majestueux qui peuvent annoncer des tempêtes effroyables. Il y a le froid avec ses féeries de neige et de glace qui tuent.
Paul nous dit : Regardez autour de vous cette beauté et cette magnificence contrariées. La création est comme un être aux aguets en attente d'un renouveau. Elle aussi souffre. Elle connaît la vanité, la destruction et la mort. Elle aussi attend la délivrance finale pour contribuer à nouveau à votre bonheur éternel lorsque vous serez glorifiés. Donc, si la nature entière est comme sous pression dans l'attente de votre délivrance finale, combien l'apothéose finale de votre destin glorieux devrait vous pousser à soupirer comme jamais ! Quelle révélation ! Quelle consolation dans la souffrance ! Quel remède contre la tristesse de ce monde et contre les larmes de la vie !
L'apôtre vient de nous révéler une vérité sublime : la création entière est en attente de notre délivrance finale. Elle aussi veut être délivrée des nuisances du péché d'Adam et de la malédiction pour participer activement dans toute sa perfection originelle au bonheur final des croyants. Elle veut cesser de produire des épines et des ronces. Elle ne veut plus contribuer au programme de la malédiction et de la mort qui pesait sur Adam et sa descendance.
Paul semble nous dire : mes amis, si la nature soupire vers ce but glorieux, combien vous, les rachetés de Christ, vous devriez soupirer après le bonheur final, et vous le pouvez et le devez parce que vous avez les prémices de l'Esprit.
3
L'apôtre ne se contente pas de nous décrire une situation idéale, hors de portée de nos moyens. Il nous dit que tout chrétien authentique soupire nécessairement après la délivrance finale. Et plus il souffre, plus il soupire, car quelqu'un le pousse à soupirer : le Saint-Esprit qui lui donne les prémices.
Il écrit : " 22 Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. 23 Et ce n'est pas elle seulement mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps". Voilà une autre affirmation qui mérite des explications.
Paul nous révèle un point important. Nous ne sommes pas seuls à gérer la souffrance. Heureusement ! Le Saint-Esprit est là pour nous aider à positiver, à persévérer, à demeurer fermes et à bien soupirer dans l'attente de notre glorification.
Pour arriver à cela, il nous donne des prémices. Les prémices sont les premiers fruits d'une récolte. Par elles on sait que la récolte sera belle et abondante. Elles constituent donc une sorte de garantie sur l'avenir, sorte d'acompte sur la production finale.
C'est ce que fait le Saint-Esprit avec nous. Il nous donne dans l'Evangile et les sacrements des acomptes. Ces acomptes, c'est l'Evangile qui nous attire à Jésus-Christ et nous fait désirer de tout notre coeur sa grâce, son pardon et son salut.
C'est la foi qui se laisse attirer par le Seigneur. C'est le sentiment agréable d'être en paix avec Dieu. C'est la consolation dans les épreuves et la fermeté de la foi. C'est l'envie de prier et la certitude d'être entendu. C'est la conviction que chaque parole de la Bible est parole sacrée.
Cette activité permanente du Saint-Esprit dans notre coeur est comme les premiers fruits d'une récolte. Elle nous garantit que celui qui a commencé en nous la bonne oeuvre de notre salut, en poursuivra aussi l'achèvement jusqu'à la glorification finale. Donc, plus nous souffrons, et plus le Saint-Esprit nous fait soupirer vers Dieu et vers la délivrance finale.
Mes amis, le Saint-Esprit est comme un chef d'orchestre qui nous pousse à écouter avec émotion la formidable symphonie achevée de notre salut éternel. Voilà comment Dieu, dans son immense bonté, gère pour nous, les souffrances du temps présent, pour qu'elles aussi, contribuent à notre gloire finale.
Alors prions hardiment le Saint-Esprit pour qu'il nous donne beaucoup de prémices afin que nous tirions des profits inouïs de ce magnifique chapitre de l'épître aux Romains. Amen.