Le message du pasteur sur

 Matthieu 26 : 51-54  

Dimanche Oculi

51 Et voici, un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille. 52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. 53 Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges ? 54 Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi ? 

 

Pierre a pris ses précautions. Ayant entendu que Judas allait livrer Jésus, ayant entendu aussi que le Fils de l'homme serait outragé, livré aux païens et mis à mort, il décide, à partir de ce moment, de se munir d'une épée. Il veut changer le cours de l'histoire. Non, Jésus tu ne mourras pas ! 

Jésus lui rappelle : 

Pierre, je veux donner ma vie.

- range ton épée ; 

- regarde, j'ai de quoi me défendre ; 

- ne t'oppose pas à ce qui est écrit ;

 

I


Lorsque à Gethsémané la foule des ennemis s'avance pour s'emparer de Jésus, Pierre tire l'épée, frappe le serviteur du souverain sacrificateur, si bien qu'il lui tranche l'oreille. Par ce geste fou le disciple voulait donner la preuve que, contrairement à l'avertissement que Jésus lui avait donné, il était prêt à mourir pour son maître. Il est convaincu qu'un messie ne meurt pas. Et lui-même veut être l'instrument divin qui empêchera cette mort absurde qui enlaidit la gloire du Sauveur du monde. 

Il pense donc que lorsque l'Eglise est injustement maltraitée, les croyants et leurs biens menacés, et la doctrine en danger, il faut se défendre avec l'épée. C'est ainsi que le règne du Christ triomphera. Logiquement, devant tant de bravoure, on s'attendrait à ce que Jésus dise : ah le brave disciple que j'ai là ! Si les autres en faisaient autant, il y a longtemps que je règnerais sans problème sur Jérusalem. Mais il dit à Pierre : "Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée". 

Cette intervention nous coupe le souffle. Comment est-il possible que le Maître puisse briser l'élan de son disciple et même condamner tant de bravoure ?

On aurait pu s'attendre à ce qu'il le dissuade autrement, par exemple : Pierre, range ton épée, si non tu vas de faire massacrer; ou bien : Pierre, range ton épée, tu es trop maladroit; tu vises la tête et c'est l'oreille qui tombe : Pierre, range ton épée, car j'ai ordonné que personne ne te fasse du mal.

Mais Jésus ne dit rien de tout cela. Il le condamne en lui appliquant le texte du code pénal de Moïse : "Celui qui tue par l'épée périra par l'épée". Parlant ainsi, il fait valoir le droit temporel. Quiconque veut se venger et défendre sa cause par la violence tombera sous le jugement de l'autorité temporelle. Le monde ne veut pas accepter ce principe et notre nature non plus. Pourtant Dieu déclare : "Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère; car il est écrit : à moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur(Romains 12 : 19) 

Dans toutes les causes injustes, les chrétiens doivent s'en remettre à la vengeance de Dieu. Mais nous avons bien du mal à ne pas réagir et bien du mal à croire que Dieu nous vengera. 

Mais il y a autre chose, chez Pierre. Il a une réaction humaine et donc charnelle. Il pense pouvoir défendre la cause de Christ par le glaive, le sang, la mort. Ah comme il nous est terriblement difficile d'admettre que le Seigneur est tout-puissant et qu'il triomphe par les armes de l'Evangile et par la foi, comme il est écrit : "La victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi". 

Pierre est en train de mettre en place les guerres de religion. Jésus lui avait recommandé de prier, mais lui, il veut forcer l'effet de la prière à coup de sabre. Il y excelle d'autant plus qu'il est convaincu que défendre le Christ à coup de sabre est certainement la plus belle des oeuvres. 

Il y a encore autre chose. Pierre ne pouvait toujours pas admettre que Jésus allait se venger de tous ses ennemis par une soumission totale dans la mort. 

Notre foi ne consiste pas à obtenir par nos propres forces la victoire sur nos ennemis. Elle consiste à se fonder sur la seule victoire du Christ, à marcher en lui contre tous nos ennemis. Plus la foi renonce à ses propres forces et moyens pour s'en remettre entièrement à Christ, plus elle est victorieuse, car Christ a vaincu le péché, le monde, le diable, les puissances de l'air et la mort. Donc, si nous voulons en découdre avec le diable, le monde et le péché, il nous faut nous armer du Seigneur dans l'Evangile et les sacrements, et lui laisser le soin de nous rendre victorieux. Et cela il le fera certainement. Car il n'est pas un Sauveur de rien du tout. 

II


La deuxième parole que Jésus adresse à son disciple est la suivante : "Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges", c'est-à-dire quelques 120.000 anges ? Pierre, tu oublies une chose capitale : Je suis le Seigneur tout-puissant. Et parce que tu l'oublies, tu sautes sur ton épée et non sur ma force. Mon pouvoir est infiniment plus grand que la force de ton bras. Quel Sauveur serais-je si le salut du monde dépendait de ton épée ? L'Eglise n'a pas à défendre le Christ. C'est lui qui défend l'Eglise et elle est bien défendue lorsqu'elle a comme bouclier son Sauveur.

Pierre a une vision charnelle du Sauveur. Malgré les miracles qu'il a vus, et bien qu'il ait vu comment, par une seule parole, Jésus pouvait jeter à terre tous ses ennemis, il a oublié la force de son Seigneur. Jésus est le Dieu véritable et la vie éternelle. Il tient sous son pouvoir Caïphe, Hérode, Pilate et toute la multitude des scribes et des pharisiens. S'il n'avait pas voulu donner sa vie, personne n'aurait pu toucher pas même un seul de ses cheveux. 
Pierre, si tu tires l'épée, c'est que tu n'as pas encore entièrement compris quel puissant Sauveur je suis pour toi et pour tous les malheureux pécheurs du monde. Il est écrit au Psaume 33ème      : "Ce n'est pas une grande armée qui sauve le roi; ce n'est pas une grande force qui délivre le héros; le cheval est impuissant pour assurer le salut et toute sa vigueur ne donne pas la délivrance. Voici, l'oeil de l'Eternel est sur ceux qui le craignent... afin d'arracher leur âme à la mort et de les faire vivre au milieu de la famine(Psaume 33 : 16-19). 

Nous aussi, nous pensons bien souvent que nous ne pouvons pas faire grand chose aujourd'hui avec le seul pouvoir de l'Evangile et des sacrements contre les forces et les puissances d'un monde incrédule qui dispose du pouvoir de l'argent, de la contrainte et de la violence. Et alors nous désespérons du Christ et de sa Parole. Mais Christ nous rappelle qu'il est un Sauveur tout-puissant. 

C'est lui qui a terrassé la mort, brisé le pouvoir du diable, vaincu le monde, fermé la porte menaçante de l'enfer. Et ce Seigneur est notre Sauveur. Il marche avec nous, nous enveloppe de puissance et nous rend plus que vainqueurs. Par une seule parole, il terrasse nos ennemis; par un seul mot, il nous délègue une légion d'anges pour nous protéger de tout danger. Il ne permet à personne de triompher de nous, quand bien même nous serions entourés de mille diables. 

Oui, il est vrai, nous avons une épée. C'est l'épée de l'Esprit, comme le dit Paul. Là nous avons une arme redoutable contre le péché, le diable, les terreurs de la mort, les abîmes de l'enfer, les mensonges et les fausses doctrines et toutes les peurs de la vie. 

III


Voyons encore la troisième parole que Jésus dit à son disciple : "Comment s'accompliraient les Ecritures d'après lesquelles il doit en être ainsi". 

Pierre a entrevu le sort de son Maître. Il sait qu'il risque la mort. Alors, pour lui, il y a là une impossibilité : comment est-il possible que le Messie, espérance d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, ainsi que d'une multitude de croyants, puisse être traité comme un voyou et maltraité comme un coupable ? Comment celui qui est la source de toute vie, qui a un si grand pouvoir sur les maladies, sur les démons et sur la mort peut-il être brisé et anéanti par les hommes ? Ah s'il pouvait réécrire l'Evangile, il écrirait les choses autrement. Pour le moment il pense pouvoir corriger les Ecritures à coup d'épée : Christ doit vivre s'il veut devenir un Sauveur utile pour l'Eglise. 

Si l'Eglise perd son chef elle est fichue. Un Sauveur moribond ne sert à rien. Il ne peut être qu'une immense déception pour tous ceux qui espèrent en lui. Alors, zélé comme il est, n'écoutant que son enthousiasme et sa vision personnelle du règne du Christ, il fait de la théologie à coup de sabre : il décide que le Christ ne mourra pas. Sa victoire n'est pas dans la tombe mais dans la vie, non pas dans la souffrance mais dans la paix et la tranquillité. 

Mais Jésus lui répond : "Comme l'Ecriture s'accomplirait-elle ?" Si l'agneau de Dieu, qui doit ôter le péché du monde, refuse d'être victime expiatoire, de prendre sur lui les péchés des hommes, d'en être frappé, de se rendre obéissant jusqu'à la mort, l'Ecriture aurait menti. Elle serait le plus vaste mensonge perpétré à travers les âges. Et si la seule volonté d'un disciple, mal informé, pouvait s'opposer à l'accomplissement des Ecritures, qui voudrait croire que Dieu est fidèle et véridique dans toutes ses prophéties ? 

Mais voilà ce que Jésus semble rétorquer à Pierre : Pierre, si je refuse ton secours ridicule, si je refuse le secours de 12 légions d'anges, si je me tiens là, docile, passif et faible, c'est pour que l'amour dont j'ai aimé le monde s'accomplisse avec plénitude. Pierre, dans un sens tu n'es pas meilleur que mes ennemis. Eux, ils veulent ma mort pour que je ne puisse pas régner, et toi tu défends ma vie pour que je ne puisse pas la donner en sacrifice comme la rançon qui va sauver une grande multitude. 

Mais il faut que le grain de blé qui est tombé en terre meure, pour pouvoir porter beaucoup de fruits.

Heureusement que nous n'avons pas les moyens de changer le cours des Ecritures, ni de nous opposer à leur accomplissement. Nous voulons bien avoir la vie éternelle, mais si peu croire. Nous voulons bien que Dieu prenne soin de nous, mais nous n'aimons pas tellement que sa volonté se fasse. Et parce que nous avons tant de mal à admettre que notre victoire est déjà tout entière en Christ, nous cherchons bien souvent la victoire en nos propres forces ou bien dans les forces des hommes. 

Jésus dit à Pierre, comme il nous le dit aussi aujourd'hui : Je veux mourir sans force, sans secours ; je veux mourir accablé par la somme de vos méchancetés, parce que je veux que ma vie soit le prix sacré de votre bonheur et de votre salut, et que ce prix pèse très fort dans votre avenir. Prenez l'épée de la Parole; désormais, avec elle, vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du diable, et tenir fermes après avoir tout surmonté. Amen ! 

 

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